lundi 26 mai 2008

Bien dans ma boite ?

"Les collègues sont sympas, le patron pas trop regardant, le job intéressant, j'aime ma boîte". Apparemment, tout le monde n'est pas d'accord pour décrire son cadre de travail comme un lieu idyllique, le lupanar du lien social, le kif suprême. La DARES continue d'exploiter les résultats de son enquête SUMER (pour surveillance médicale des risques), réalisée en 2003, et montre aujourd'hui que plus d'un salarié sur 6 (17% exactement) disent être l'objet de comportements hostiles sur leur lieu de travail. Et lorsque l'on demande aux enquêtés de considérer toute leur carrière professionnelle, le chiffre monte à 1 sur 4 (25%).

"Hostile, moi ? Vous devez vous tromper"
C'est quoi au juste un "comportement hostile" dans le monde du travail. Est-ce que retirer le PQ des toilettes pour emm... le prochain entre dans la catégorie ? Et celui qui pourrit la machine à café tellement fort qu'elle fait TILT et que personne ne peut plus avoir sa dose, est-il hostile ? Par "comportements hostiles" il faut comprendre comportements méprisants, déni de reconnaissance du travail, jusqu'à atteintes dégradantes. Cela va de l'indifférence la plus totale d'un collègue à son égard jusqu'au harcèlement sexuel. Avec une typologie bien précise que vous pouvez retrouver directement dans le compte rendu en ligne sur le site de la DARES.

Les différences homme/femme
Les résultats de l'enquête montrent plusieurs choses. Ce sont les femmes qui se disent le plus victimes des comportements méprisants. Par contre, et ce n'est pas une surprise, les hommes se plaignent plus d'un déni de reconnaissance de leur travail. Les auteurs du résultat de l'enquête le précise, mais j'y avais déjà fait allusion ici ou là, l'activité professionnelle est plus importante dans la construction de l'identité masculine que féminine. Preuve que l'égalité des sexes n'est pas pour demain, nous les hommes avons des restes de notre ancêtre pas très lointain, le pourvoyeur unique de revenu du ménage. On aurait cru que la salarisation des femmes aurait pu rééquilibrer un peu les choses : les hommes trouvant dans leur cocon familial une part de la reconnaissance nécessaire à chaque être humain pour vivre, les femmes dans leur job. Que neni. Je ne vois qu'un seul avantage à cela : les femmes, en diversifiant leurs sources de reconnaissance, font preuve de leur intelligence supérieure, et en plus se protège plus efficacement contre le suicide.

Autre variable, l'entreprise en elle-même.
Il est assez intéressant de remarquer que les petites et les grandes entreprises semblent freiner les comportements hostiles. Ce sont dans les entreprises de taille moyenne (50-500 salariés) que les salariés se plaignent le plus de mauvaises conditions psychologiques de travail. Il est à noter que mauvaises conditions physiques et psychologiques vont généralement de pair : ainsi les travaux les plus pénibles sont associés au signalement de comportements hostiles, ainsi que les secteurs soumis à des tensions (exigence d'une productivité importante, menace de perte d'emploi), et les activités connotées négativement dans la société (nettoyage, sécurité).

Limites de l'enquête
Pour intéressant qu'elle soit, cette enquête souffre d'un manque important : elle n'inclut pas les fonctions publiques d'Etat et territoriale. Il aurait été intéressant de pouvoir comparer les grands secteurs, public et privé. t il aurait été d'autant plus intéressant de pouvoir mener une étude longitudinale afin d'observer (ou non) des évolutions dans le temps, traduisant probablement les évolutions des méthodes de travail dans la fonction publique au cours de ces dernières décennies. Un comparatif international aurait également pu être intéressant, mais les harmonisations statistiques n'atteignent pas encore des degrés aussi fin. Il serait pourtant intéressant de voir s'il existe des disparités importantes, ne serait ce qu'au sein de l'Union Européenne. M'est avis que des sociétés plus égalitaires telles que les sociétés nordiques (qui ont également développé au maximum les cultures d'entreprise), obtiendraient de meilleurs résultats.

En parlant de culture d'entreprise et de symbiose corporate, on n'a jamais fait mieux que la Cogip :



Source : Un salarié sur six estime être l’objet de comportements hostiles dans le cadre de son travail, Premières synthèses premières informations, Dares, mai 2008.

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