dimanche 16 décembre 2007

Concilier travail et famille

KindergartenAprès un billet sur le supposé choix travail/loisir des français, arbitré en quelque sorte par l'appat du gain, un billet sur la conciliation travail/famille. L'INED vient de consacrer son dernier numéro de Population & Sociétés à ce sujet. Le Monde dans un article du 12 décembre en faisait un compte-rendu en se centrant sur la problématique de la garde d'enfant. Allons voir un peu plus loin...

Première info, la majorité des employeurs pensent devoir s'impliquer dans la conciliation. C'est intéressant de voir que les motivations sont, pour le privé de voir la productivité des travailleurs s'améliorer, pour le public de voir l'absentéisme diminuer, et pour les institutions sans but lucratif de voir le bien-être des salariés s'améliorer, tout simplement (ne soyons pas naïfs, les conditions de travail dans les associations et les syndicats ne sont pas des plus agréables). Il serait intéressant de savoir si la productivité augmente réellement lorsque l'entreprise investit dans la conciliation, et si hausse de la productivité il y a, est-ce qu'elle est due véritablement à l'amélioration des conditions de travail ou bien si l'aide à la conciliation est une sorte de vecteur de l'effet Hawthorne. On parle d'effet Hawthorne lorsque la productivité d'un travailleur s'améliore uniquement grace à l'attention qui est portée sur lui. Cela vient des enquêtes réalisées par Elton Mayo à la Hawthorne Works Cie de Chicago dans les années 30. Psycho-sociologue, Elton Mayo et ses étudiants investissent une usine de Chicago, et y observent les conditions de travail. Et l'étude a montré que quelles que soient les conditions de travail, le fait même que quelqu'un s'intéresse au travail des salariés suffisait à ce que la productivité de ces derniers s'en ressentent. Travaux depuis critiqués... mais qui ont fortement marqué des générations de psychologues du travail.

Les prestations en nature sont rares et existent surtout dans le public. Comprendre les entreprises préfèrent donner de l'argent à leurs salariés plutôt que de proposer elles-mêmes des services. Ainsi il y a très peu de crèches en entreprise (2% d'employeurs déclarent offrir un tel service, soit un salarié concerné sur 15 dans les entreprises de plus de 20 salariés). Ce qui est ici intéressant, c'est la contradiction entre l'étude et l'article du Monde que je citais en introduction. L'étude affirme que peu de changements ont eu lieu, même depuis la récente loi sur le sujet, et l'article du Monde, à partir du seul témoignage d'un chef d'entreprise parvient à infirmer l'étude. C'est beau. Surtout que seulement 1% des établissements ne disposant pas de crèche envisageait de proposer ce service à l'avenir.

Les prestations financières sont très disparates selon les secteurs. Ainsi dans le public l'aide aux enfants sera priviliégiée (vacances, études, frais de garde) tandis que dans le privé, c'est la contribution aux mutuelles. Et ce de manière plus prononcées dans les secteurs comme la banque, l'immobilier ou encore l'énergie.

En conclusion l'étude affirme que les mesures d'aide à la conciliation proposées par les employeurs se concentrent sur certains secteurs et se cumulent souvent, créant des disparités entre salariés.

L'enquête a été menée auprès de 2763 employeurs répondant, dans des structures d'au moins 20 salariés.

Source :
Cécile Lefèvre, Ariane Pailhé, Anne Solaz, "Comment les employeurs aident-ils leurs salariés à concilier travail et famille ?", Population et sociétés, no 440, décembre 2007.

Crédit photo : Kindergarten par Pinreader, sur Flickr

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