lundi 4 juin 2007

Pierre Bourdieu a ressuscité...

...et je ne sais pas trop quoi en penser.

C'est à la mode il faut croire. Après l'ancien Président de la République, le sociologue est revenu lui aussi de la mort à la vie, et c'est ici : http://pierrebourdieu.hautetfort.com
A la mode la résurection donc, à la mode de faire parler les morts. Avant c'était tabou, "faire parler les morts", c'était mal. Maintenant on s'en amuserait presque. Les usurpateurs - puisque c'est bien de cela qu'il s'agit - vont jusqu'à (tenter de) copier le style d'écriture des usurpés. Ainsi on retrouve sur le blog de Pierre Bourdieu son style particulier et reconnaissable, des paragraphes-phrases, qu'on lit une première fois sans respirer, puis une seconde pour décortiquer, une troisième pour recoller les propositions entre elles, et une quatrième pour être sûr d'avoir compris. Amusant donc.

Et puis ensuite un sentiment bizarre, la peur de confondre. "J'ai lu un truc de Bourdieu"... Oui mais lequel ? Celui du blog ? Ou le "vrai" ? Quel Pierre Bourdieu a dit quoi ?

Se poser alors les bonnes questions : qui parle ? d'où parle-t-il ? pourquoi a-t-il intérêt à parler comme cela ? Finalement quels sont les ressorts de l'action, la motivation qui pousse à utiliser l'identité d'un mort, à singer son style ? Ici il s'agit de commenter l'actualité du nouveau Président, son discours, son habitus, sa place dans le champ, à la manière de Bourdieu. Finalement ça dérange. Pourquoi se faire passer pour un mort à ce moment là ? Pourquoi ne pas simplement utiliser un pseudonyme comme tant d'autres sur la toile ? Surtout que les premiers textes sont plutôt bien écrits et particulièrement sensés. Sans parler du fait que je ne suis pas sûr que le principal intéressé, le vrai Pierre Bourdieu, aurait particulièrement apprécié l'initiative...

Bref, toutes ces histoires de résurrection, ça me rappelle une réplique dans La sociologie est un sport de combat. A un moment du film, lors d'une conférence en public, une personne prend le micro pour répondre à ceux qui questionnaient le sociologue sans relache : "Oh, c'est pas Dieu, c'est Bourdieu". On va finir par en douter.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est étrange d'être le premier commentateur… Moi aussi ça me gêne cette manière de faire parler les morts. Surtout quand le type (ou la femme) qui joue les pastiches se cache. Ça vous a un côté pas franc et j'aimerais pas qu'on me fasse dire n'importe quoi quand j'aurai fini par me taire.
Cordialement