lundi 21 mai 2007

Coupure réseau !

Plus de net pendant deux semaines, voilà ce qui explique le silence radio sur le blog.
A très bientôt, pour les nouvelles aventures de Pif et Hercule.

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lundi 14 mai 2007

Guerre des générations

Une semaine après, qu'en est il ?


Le sondage sortie des urnes est disponible. Il montre des choix moins tranchés que les intentions de vote que je commentais dans ce précédent post. Les personnes âgées ont bien voté Sarkozy, mais pas dans des proportions 75-25. Les trentenaires aussi ont vu leur vote basculer entre le sondage du jeudi et celui du dimanche des élections. Les 25-34 ans ont voté comme leur grand-parents. Cela me rappelle un ouvrage, Génération 69, les trentenaires ne vous disent pas merci. Rédigé par deux journalistes politiques d'Europe1, le bouquin paru en 2005 résonne un peu aujourd'hui comme l'écho des derniers discours du candidat Sarkozy à propos de l'héritage de mai 68, et de sa nécessaire "liquidation". Ah mai 68, et plus largement les idées de la fin des années 60, la loi Neuwirth, la loi Veil, la loi Faure, que de reculs sociaux... Doit-on voir poindre ici ou là les prémisses d'un conflit de génération ? La lecture des ouvrages du sociologue Louis Chauvel (Le destin des générations, Les classes moyennes à la dérive) est de ce point de vue particulièrement intéressante. Je posterai ici bientôt quelques commentaires sur les théories de cet auteur pour ceux qui n'ont pas le temps de le lire.

Le fossé entre 18-24 et 25-34 est assez impressionnant. Les tendances se renversent d'une génération à l'autre. On pourrait voir ici un effet de génération, notamment la génération marquée par le 21 avril 2002 et le CPE. Un effet de génération entraîne des différences entre cohortes de population en fonction du contexte sociologique, économique et politique : génération 68, génération mitterand, génération CPE ?

A l'inverse, le vote des plus de 60 ans est le signe d'un effet d'âge. Quelque soit les générations qui se succèdent, l'avancée dans l'âge entraîne une droitisation inexorable de la population. Nos sages et nos aînés ne s'y sont pas trompés : le candidat du conservatisme, c'était bien N. Sarkozy. Maintenant c'est Notre Président, même s'il ne sera jamais le mien.



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mercredi 9 mai 2007

"Etonnants électeurs"

Le temps me manque ces jours-ci, je ne me lancerai donc pas ici dans un commentaire du vote des Français dimanche dernier. Je vous conseille par contre vivement de jeter un oeil à ce court billet de Philippe Askenazy, économiste au CNRS, à l'Ecole Normale Supérieure et l'Ecole d'Economie de Paris : Etonnants électeurs.

Bonne lecture.

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lundi 7 mai 2007

Sondages et déterminants du vote

Autant prévenir d'entrée de jeu, ce post n'est pas très sérieux. Le sondage, quoi qu'en pensait Jean Stoetzel, ne s'est pas imposé comme une science. C'est en cela que ce n'est pas très sérieux de se baser sur un sondage pour établir ici un commentaire. Mais force est de constater qu'ils sont omniprésents dans notre vie quotidienne : mesurer l'opinion publique ça rapporte et ça fait jaser. Pourtant Pierre Bourdieu a affirmé lors d'une conférence au début des années 70 que "l'opinion publique n'existe pas". Et il avait raison, ça n'existe pas, ça se construit.

Pourquoi l'opinion publique n'existe pas
Les sondages supposent que tout le monde peut avoir une opinion sur tout. Ils surestiment à la fois l’intérêt et la compétence des personnes interrogées, et posent aux gens des questions qu’ils ne se posaient pas, et qu’ils n’avaient pas l’intention de se poser parce qu’elles ne les intéressent pas. Ils exercent par ailleurs un effet d’imposition de problématique par la formulation des questions. Ils amènent les personnes interrogées à se poser les problèmes dans des termes différents de ceux qu’ils auraient eux-mêmes utilisés. En agrégeant toutes les réponses, on leur accorde non seulement la même intensité mais également le même poids social alors qu’elles ne pèsent pas de la même manière. En supposant que toutes les opinions se valent, on oublie que chaque opinion dépend de la manière dont les gens s’insèrent dans les différents réseaux de sociabilité en fonction de leur âge, de leur sexe, ou de leur milieu professionnel.

Sarkozy peut dire merci aux baby-boomers et à leurs parents
Le sondage dont il est question échappe aux trois critiques de P. Bourdieu. Il s'agit du sondage IFOP Intentions de vote au 2nd tour réalisé jeudi dernier. 1) Tout le monde peut avoir une opinion, le 3 mai 2007, sur le second tour qui se déroule trois jours plus tard : sarko, ségo, ou rien. 2) La problématique est déjà sur-sur-surimposée dans toutes les têtes. 3) Et précisément, toutes les opinions se valent ici : un homme, une voix, c'est le principe de notre démocratie. Le seul problème, c'est qu'il a été fait auprès d'un échantillon de 961 personnes, ce qui reste faible pour s'assurer que l'enquête est fiable. Mais elle indiquait déjà que Nicolas Sarkozy gagnerait avec 53% des voix contre 47 pour Ségolène Royal. Bravo les sondeurs, ça colle.


Vous aussi, vous avez peut-être reçu par mail ce bout de sondage. Il faut le prendre avec précaution. Rien ne vaut une vraie enquête quantitative sociologique réalisée après le scrutin, sur un échantillon vraiment représentatif, avec des variables qui permettent de rentrer dans le détail, donc de ne pas se contenter de généralités. Faute de mieux, que peut-on voir ici ? Le déterminant du vote qu'est le sexe ne semble plus vraiment avoir d'effet : les femmes votaient traditionnellement plus à droite que les hommes. C'est du passé, est-ce du au fait que l'un des prétendant était une prétendante ? La variable CSP du chef de famille joue a plein, de vrais beaux clivages : les artisans, commerçants, chefs d'entreprise confirment qu'ils votent à droite (encore que, méfions nous, la petite astérisque signifie que l'échantillon est pas représentatif du tout car inférieur à 50 individus). Le 58% des professions libérales pour S. Royal est assez étonnant. Les ouvriers et employés, catégories que l'on disait perdues pour la gauche, n'auraient pas toutes succombé aux sirènes de N. Sarkozy. Les retraités, par contre, ont fait son bonheur.

On arrive là à un point intéressant. Les retraités, nos aînés, le 3ème et le 4ème âge réunis, les seniors, nos papimamies, seraient 3/4 à préférer la droite. On savait que l'âge était un très puissant déterminant du vote. Mais le trou est énorme, 50 points séparent les ségolèniens des sarkozystes chez nos vieux. La génération qui a connu les Trente glorieuses, qui a pris le pouvoir politique, économique, social, qui nous lègue une planète dans un piteux état (bon, ils savaient pas ce qu'ils faisaient, d'accord... mais quand même), semble vouloir nous punir encore une fois. 18-24 ans, ségo, 25-34, encore plus sego, 35-49, toujours plus ségo, 50-64, un peu moins, mais toujours ségo... Quand la pyramide des âges devient la meilleure copine de Sarkozy. Ou quand ceux qui ne travaillent plus veulent nous faire "travailler plus pour gagner plus"... ou pour payer leurs retraites ?

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samedi 5 mai 2007

Pour voter en conscience, comparer les projets de sociétés

Pour comprendre les tenants et les aboutissants des programmes des candidats et des projets de société qu’ils proposent, il me paraît indispensable de chercher leurs sources. Si Ségolène Royal a très clairement indiqué son désir de s’inspirer des recettes des social-démocraties nordiques (Danemark, Suède, Finlande), et s’est entourée de spécialistes comme Dominique Méda, Nicolas Sarkozy n’est jamais explicite, il masque derrière la communication politique le fait que ses idées viennent pourtant de quelque part. Il est d’ailleurs très fort, on doit lui reconnaître cela : il parvient à convaincre que ses idées découlent de ses valeurs personnelles, mettant en avant sa propre personnalité et non le courant idéologique qu’il incarne. Il parvient également à sortir du clivage gauche/droite des thèmes qui sont, justement, profondément marqué par ce clivage. Mercredi soir, à plusieurs reprises, il a expliqué : «Madame Royal, vous allez être d’accord avec moi, ce thème n’est ni de droite, ni de gauche, il doit faire l’objet d’un consensus dans la société moderne qui est la notre» : sous-entendu, il n’y a qu’une voie possible, et si vous n’êtes pas d’accord, c’est que vous êtes archaïque. Pourtant il s’agissait d’enjeux tels que l’éducation, la fiscalité, et notamment les droits de succession. Pour comprendre, rien de tel qu’une petite plongée dans la pensée de quelques auteurs incontournables : Friedrich Hayek et John Rawls.

Hayek : La justice sociale est un « concept honteux »
Friedrich Hayek est un économiste et philosophe autrichien, promoteur du libéralisme qui a écrit de nombreux ouvrages de référence pendant la période des Trente Glorieuses, lorsque les travaux de J. M. Keynes inspiraient la quasi-totalité des politiques économiques de l’après-guerre. Il s’est toujours battu contre la vision keynésienne de l’économie, et force est de constater que le tournant du milieu des années 70 lui a donné raison. La crise traversée depuis par l’Etat, l’orientation libérale des politiques économiques, l’hégémonie de l’économie de marché ont été dans son sens. Qu’il s’agisse de Reagan aux Etats-Unis ou Thatcher au Royaume-Uni, les politiques anglo-saxons des années 80 vont beaucoup s’inspirer de la pensée de F. Hayek. 20 ans plus tard, Nicolas Sarkozy aussi.
Pour Hayek, la justice sociale est un « concept honteux »[1] car ce concept sous-entend qu’il existe des responsables des injustices sociales, or pour lui personne ne peut avoir la responsabilité de la position des uns et des autres dans une société qu’il considère comme un « ordre spontané ». C’est pour cela qu’il considère que la justice sociale est « un mirage »[2]. Toujours selon la théorie de Hayek, un système qui donne à ceux qui ont déjà est loin d’être mauvais, il est même bon puisque « c’est la possibilité d’acquérir en vue d’accroître la capacité d’acquérir à l’avenir qui engendre un processus global dans lequel nous n’avons pas à repartir de zéro constamment, mais pouvons commencer avec un équipement qui est le fruit d’efforts antérieurs, en vue de tirer le parti le plus fructueux des moyens dont nous disposons ». On retrouve ici la position d’un George W. Bush qui supprime les droits de succession aux USA dès son arrivée à la Maison Blanche, ou d’un Nicolas Sarkozy qui promet de le faire s’il arrive un jour à l’Elysée. Rappelons juste ici que l’instauration de l’impôt sur les successions a permis de réduire fortement les inégalités depuis un siècle. Rappelons également que l’abolition des droits de succession est contraire même à l’esprit du libéralisme actuel, et à la majeure partie du programme de Nicolas Sarkozy : Comment prôner la méritocratie en abolissant les droits de successions (un héritage, par définition, ne se mérite pas) ? Comment prôner la « valeur travail » si les rentiers refont leur apparition ? Nicolas Sarkozy promet pourtant dans son programme de ne laisser « aucun jeune dans l’oisiveté »[3]

Rawls : l’équité est compatible avec les inégalités
John Rawls est un philosophe américain dont l’ouvrage Théorie de la justice a fait date au début des années 70. Les principes de la justice sociale selon Rawls sont :
  1. une égale accession aux libertés fondamentales : chacun doit pouvoir jouir du maximum de liberté compatible avec les mêmes libertés pour tous (ce principe est premier et non négociable, c’est ici que l’on voit l’inspiration libérale au sens politique du terme) ;
  2. les inégalités économiques et sociales doivent être organisées de manière à ce que les positions économiques et sociales restent ouvertes à tous (principe d’égalité des chances) ;
  3. les inégalités tolérées sont à l’avantage des plus défavorisés (principe de différence). Si on tolère que certains s’enrichissent, c’est parce que cela profite au plus pauvres. On privilégiera une société dans laquelle les inégalités s’accroissent, mais les conditions de vie des plus démunis s’améliorent, à une société qui voit les inégalités se réduire mais les conditions de vie des plus démunis se dégrader.
Les inégalités sont justes et légitimes si elles ne réduisent pas la liberté des individus, ni l’égal accès aux positions sociales, et si elles profitent aussi aux plus défavorisés ; le principe d’équité selon Rawls est ainsi respecté. Si l’égalité des chances n’est pas effective, il faut alors prendre des mesures spécifiques pour aider les défavorisés à faire valoir leur mérite. On retrouve ici le fondement du concept de « discrimination positive ».

Une conception opposée a fait naître un autre modèle social
Je veux parler des social-démocraties nordiques qui se sont fixées pour but de réduire les inégalités car elles sont injustes, modèles qui inspirent la candidate socialiste. La seule discrimination positive ne peut résoudre l’ensemble des inégalités d’accès aux positions sociales, inégalités qui tendent à s’accroître depuis plusieurs décennies. Ces inégalités sont une menace pour la cohésion sociale, car une société dans laquelle les inégalités sont fortes et la mobilité sociale faible, est menacée d’instabilité [4]. Les populations défavorisées contesteront naturellement un ordre social qui le condamne à de faibles espoirs d’amélioration (voir le nombre d’enfants d’ouvriers à l’ENA, Science Po Paris, Polytechnique ou HEC). Ils auront une faible adhésion au modèle d’organisation économique qu’ils considèrent comme responsables des inégalités. Le maintien de la cohésion sociale conduit alors à mettre en place des dépenses « sécuritaires » coûteuses. Celles-ci sont à la fois une forme de gaspillage puisque ces dépenses ont une très faible efficacité, contrairement aux chiffres avancés par le Ministère de l’intérieur, mais elles sont également une régression par rapport à l’idéal démocratique. L’équité, au sens des sociaux-démocrates et non des libéraux, consisteraient donc à réduire les inégalités de situation, partant du principe que les individus subissent plus qu’ils ne maîtrisent leur condition sociale. On ne choisit pas ses parents…

[1] F. Hayek, La présomption fatale, 1988
[2] F. Hayek, Droit, législation et liberté, Vol.2: Le mirage de la justice sociale, 1976
[3] N. Sarkozy, Mon projet, Ensemble tout devient possible, p. 13, 2007
[4] Cohésion sociale, emploi et compétitivité, Notes de la DARES, août 2002

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jeudi 3 mai 2007

Approximations, erreurs et contre-vérités de N. Sarkozy


La liste n'est pas exhaustive, mais elle est déjà bien longue ! Voici un petit aperçu des erreurs commises et des contre-vérités assénées par le candidat de l'UMP hier, lors du débat de l'entre-deux tours. Si la candidate du PS n'est pas exempte de tous reproches - il serait manichéen et malhonnête de ne pas le reconnaître - il n'y a aucune comparaison possible avec l'avalanche des inepties sarkozyennes.
Bonne lecture

La sécurité
- M. Sarkozy déclare que la délinquance a baissé de 10% depuis 2002. En réalité, ce sont les vols de voitures qui ont diminué en raison des dispositifs anti-vol plus performants sur les voitures. En revanche, il y a 30% d’agressions de plus qu’en 2002 et 26% de plus de faits de violences à l’école.
- S’agissant de l’ironie de M. Sarkozy sur la protection proposée aux femmes policières, il est rappelé que ce dispositif existe à Montréal où des bus (ou des patrouilles du soir) raccompagnent les policières chez elles.

Les 35 heures
- M. Sarkozy affirme que les 35 heures n’ont pas créé d’emploi. C’est faux. Un rapport du Ministère des finances publié, lorsque M. Sarkozy était ministre, reconnaissait la création d’au moins 300.000 emplois grâce aux 35 heures.

Retraites
- M. Sarkozy indique : « jusqu’en 2020 on n’a pas de souci majeur à avoir quant au financement de nos retraites ».
Cette assertion est infirmée par le Conseil d'Orientation des Retraites (COR), lui-même, qui indique qu'il manque 50% du financement. Chacun sait qu’un rendez-vous sera nécessaire en 2008 pour combler le déficit du régime des retraites. Toujours selon le COR, le besoin de financement des régimes de retraite sera, au minimum, de 0,7% de PIB par an d'ici 2025. En outre, le gouvernement auquel a appartenu M. Sarkozy n’a pratiquement pas doté le fonds de réserve des retraites.
- M. Sarkozy se trompe quand il affirme que la pénibilité du travail est prise en compte dans la loi Fillon sur les retraites. Des négociations sont en cours dans les branches professionnelles et n’ont pas abouti. Souvenons-nous des propos de F. Fillon qui disait « la pénibilité au travail, c’est subjectif ».

Fiscalité
- M. Sarkozy , ancien ministre des finances, a dit : « nous sommes le pays d’Europe qui avons les impôts les plus élevés ». Nous rappelons au contraire que la France est un des pays d’Europe où l’impôt sur le revenu est le plus bas : 10,2% du PIB contre 13,7% de la moyenne européenne. Si M. Sarkozy appelle impôts l’ensemble des prélèvements obligatoires, ce qui est un regrettable manque de précision pour un ministre des finances, il est rappelé que la France a des taux inférieurs à ceux des pays du nord de l’Europe.
- M. Sarkozy annonce qu’il permettra la déduction fiscale des salaires et des cotisations sociales des employés à domicile. Ce dispositif existe déjà dans la proportion de 50% des montants. M. Sarkozy l’ignorait-il ou entend-il porter le taux à 100%. Ce qui permettrait à M. Forgeard de bénéficier de chauffeurs, de jardiniers… gratuits.

La formation professionnelle
M. Sarkozy souhaite que des filières professionnelles puissent obtenir les mêmes diplômes que les filières générales.
Il ignore donc que grâce aux formations par alternance (à l’apprentissage) on peut déjà, depuis plusieurs années, obtenir un BTS et un diplôme d’ingénieur.

L’Education
Quand M. Sarkozy explique que la diminution des postes de l’Education nationale est due au transfert des TOS (personnels de service des établissements scolaires) vers les départements et les régions, il se trompe. 37.000 emplois (12.000 enseignants et 25.000 personnels d’assistance éducative) ont été supprimés depuis 2002.

A suivre...

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mardi 1 mai 2007

Plus c'est gros...

Plus ça passe !

La télévision française, dans ce qu'elle a de plus moche, va encore battre des records ce soir. TF1 va diffuser mardi en deuxième partie de soirée un reportage intitulé "Une enquête sur la France qui triche". On croirait voir une illustration commandée par le candidat Sarkozy pour un de ces meetings : "vous savez, je vais vous dire, moi je ne veux pas être le Président des assistés, des feignants, je ne veux pas être le Président de la France qui triche, je veux parler à ceux [dont les ouvriers] se lèvent tôt, ceux qui paient leurs impots, ceux qui ne trichent pas...". Diviser pour mieux régner, mettre dos à dos deux France pour mieux asseoir son pouvoir.

Faux chômeurs, RMIstes fraudeurs et malades imaginaires
Le sous titre de l'émission "Faux chômeurs, RMIstes fraudeurs et malades imaginaires" laisse croire qu'une armée de mauvais français - voire pas toujours français, suivez mon regard - suce le système jusqu'à la moëlle, responsable de l'effondrement de tout ce qui fait la solidarité dans notre pays. Ils seraient des "centaines de milliers" nous dit on sur tf1.fr !!! Vous vous rendez compte ? Votre voisin, votre cousin, tout le monde a bien un beau frère du neveu d'un collègue qui triche pour avoir les assedic, mais oui bien sûr. Mais sont ils vraiment des centaines de milliers ? Comment Charles Villeneuve a-t-il bien pu les compter ? Mais puisqu'on vous le dit sur la Une, c'est que c'est sûrement vrai !

Mardi nous serons à 24 heures du débat qui oppose les deux prétendants à la Présidence, à 5 jours du scrutin. C'est gros, mais ça va passer. Combien de Français vont éteindre leur poste mardi à minuit, et partir se coucher avec dans la tête la force de ces images ; celles d'un pauvre type, complètement marginal, qui se croit malin d'exploiter les failles d'un système conçus pour permettre la prévoyance, la solidarité. "Et si l'on rajoute tous ceux qui se complaisent dans l'inactivité, même sans frauder, tu te rends compte ?"

Aucun système n’est infaillible
1 102 200 allocataires touchent le RMI en France, ce revenu de transfert s'élève à 440.86€ par mois pour une personne seule. Le seuil de pauvreté en France est fixé aux alentours de 650€. A-t-on vraiment un désintérêt à travailler en France ? Peut-on réellement penser se complaire avec un revenu comme le RMI ? Y a-t-il vraiment plusieurs centaines de milliers de personnes qui trichent au RMI ? Aucun système n’est infaillible. Je n’ai pas la naïveté de croire tous mes concitoyens honnêtes, je sais que de telles pratiques existent, qu’il faut les combattre. Mais le fond du problème ne serait-il pas plutôt le caractère profondément inégalitaire de notre société ?

Je vais comparer l’incomparable, je sais, c’est mal : le RMI « coûte » près de 5 milliards d’euros chaque année à l’Etat français. La fraude au RMI probablement quelques millions. 5 milliards d’euros, c’est environ la valorisation boursière du CAC40 en... 3 jours (si l’on regarde sa progression en moyenne depuis le 1er janvier 2007). Tous les trois jours, les actionnaires du CAC40 ont vu leur patrimoine total augmenter de 4 à 5 milliards d’euros.

Quand la fraude fiscale est plus impressionante que la fraude sociale
Si TF1 voulait vraiment faire de l’audience, elle utiliserait des chiffres qui, en matière de fraude, sont beaucoup plus impressionnants que la fraude sociale : la fraude fiscale ! On l’estime à 4.3 milliards d’euros pour l’impôt sur le revenu, 4.6 milliards pour l’impôt sur les sociétés, entre 7 et 12 milliards pour la TVA. Globalement elle est évaluée entre 1.7 et 2.4% du PIB : l'équivalent de notre déficit public. S’il n’est pas facile pour un salarié de frauder l’impôt sur le revenu (en raison de la double déclaration employeur/employé), en revanche pour l’indépendant, c’est jouable. L’impôt sur les sociétés et la TVA, ce ne sont pas non plus les salariés qui les fraudent. Si l’on faisait des généralités, on pourrait conclure que les patrons, les petits commerçants, les avocats, ca fait perdre plus de 36 milliards d’euros à l’Etat. Il est bien couillon, Charles Villeneuve avec ces 200 millions.

Oui mais voilà, diviser les français, c’est pas bien, stigmatiser une partie de la population, et surtout celle là, c’est mal.

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